Addictions au travail : tour d’horizon sur ces comportements à risque pour l’entreprise

En 2021, 64 % des professionnels de santé au travail estimaient que la consommation d’alcool et de cannabis en milieu professionnel était répandue. Entre 2017 et 2024, elle aurait même augmenté de 107 %. Les addictions au travail, qu’elles concernent l’usage de substances ou des comportements, ont des conséquences directes — et parfois lourdes — sur la sécurité et les performances de l’entreprise. Elles ne sont donc pas à prendre à la légère. Voici pourquoi nous avons récapitulé l’essentiel à savoir pour agir sur la prévention des addictions en milieu professionnel.

Addictions au travail - Cannabis

Addictions en entreprise : ce que recouvre ce terme

Lorsqu’on parle d’addictions au travail, on pense spontanément à l’alcool ou aux drogues. Mais la réalité est bien plus large et parfois plus insidieuse. En entreprise, les pratiques addictives en milieu de travail peuvent concerner aussi bien la prise de substances (alcool, cannabis, médicaments psychotropes) que des comportements inappropriés (usage excessif des écrans, surinvestissement professionnel, ou encore besoin compulsif de performance).

Et elles touchent tous les niveaux hiérarchiques, sans distinction. 

Reconnaître l’existence de ces comportements addictifs au travail — au-delà des stéréotypes — est une première étape pour mieux repérer les situations à risque et engager une démarche de prévention efficace et responsable.

Addictions au travail : les symptômes à repérer pour agir à temps

Les symptômes des addictions au travail peuvent être discrets, mais leurs effets sur la performance, la sécurité et le climat d’équipe sont bien réels. Repérer ces signaux d’alerte permet d’agir avant que la situation ne dégénère. 

Ces troubles addictifs se manifestent souvent par :

  • une baisse de concentration et des oublis fréquents ;
  • des sautes d’humeur, de l’irritabilité ou un repli sur soi ;
  • des retards récurrents ou des absences non justifiées ;
  • une apparence physique négligée ou une fatigue chronique ;
  • une difficulté à poser des limites (travail compulsif, mails tardifs) ;
  • une consommation inhabituelle de café ou de médicaments au travail ;
  • etc.

Ces symptômes d’addictions professionnelles doivent être observés avec attention, sans stigmatisation.

Travailleur déconcentré et irritable
Consommation inhabituelle de café

« Les métiers de l’hébergement-restauration, des arts et spectacles, de l’agriculture, du transport, de la construction et ceux en contact avec le public sont parmi les plus concernés par les conduites addictives. » — Source : rapport MILDECA — 2024

Addictions au travail : les causes à l’origine des comportements à risque

Quelles sont les causes de l’addiction au travail ? La réponse n’est jamais unique. Elle trouve souvent ses racines dans un cocktail d’origine personnelle et professionnelle.

Parmi les facteurs déclencheurs les plus fréquents, on retrouve :

  • le stress chronique lié à des objectifs inatteignables ou des situations engendrant régulièrement de l’hostilité ou des conflits ;
  • le manque de reconnaissance ou de soutien managérial ;
  • l’isolement ou les tensions au sein des équipes ;
  • une surcharge de travail prolongée ;
  • des horaires décalés ou des conditions de travail physiques difficiles;
  • l’accès facilité aux substances addictives sur le lieu de travail qui se transforme parfois en acte « culturel » dans l’entreprise (récompenses suite à un objectif atteint, pots de départ, afterworks…) ;
  • des difficultés personnelles (angoisse, dépression, contexte familial compliqué) ;
  • une culture d’entreprise tolérante à certaines pratiques à risque (alcool, hyperconnexion).

Face à ces pressions croisées, certains salariés développent des comportements addictifs pour compenser ou tenir le rythme. Avec des conséquences parfois très lourdes pour le salarié et l’entreprise.

Addictions au travail : les conséquences sur la santé et la sécurité

Quels sont les risques liés aux pratiques addictives en milieu professionnel ? Ils sont malheureusement nombreux et souvent sous-estimés. Et les conséquences des addictions sur la vie professionnelle touchent à la fois la sécurité individuelle et collective

Un salarié en situation d’addiction peut présenter des troubles de concentration, une baisse de productivité, des absences répétées ou un comportement instable. Dans les secteurs à risques, cela peut entraîner des erreurs graves, voire des accidents du travail (dans les locaux de l’entreprise ou sur la route). 

Sur le plan collectif, l’isolement, la perte de confiance ou les tensions avec les collègues fragilisent l’équilibre de l’équipe

L’entreprise peut aussi subir de sérieuses retombées : risques juridiques en cas de litiges sur sa responsabilité, conséquences économiques liées à la désorganisation, la perte de qualité et de productivité, l’augmentation des arrêts maladie, des accidents du travail, voire des procédures de licenciement. 

En bref, les pratiques addictives ne sont jamais sans conséquences : elles mettent en péril le bien-être au travail et la performance de l’entreprise.

Addictions au travail : les solutions pour prévenir les risques

La prévention des addictions en milieu professionnel ne peut se limiter à une simple interdiction ou à un rappel du règlement intérieur. Elle nécessite une démarche de prévention à la fois collective et individuelle et qui implique l’ensemble des services de santé au travail (CSE, CHSCT, Médecine du Travail…).

Voici les axes essentiels à intégrer dans une stratégie de prévention efficace.

  • Identifier les facteurs de risques internes dans le DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels) : surcharge, pression, isolement, déséquilibre vie pro/perso…
  • Inclure un chapitre sur les conduites addictives dans le règlement intérieur
  • Élaborer une politique claire et partagée qui pose un cadre sur le long terme
  • Former les managers à repérer les signaux et à réagir de manière appropriée sans stigmatiser
  • Encourager un climat de confiance et de dialogue, loin du tabou ou du jugement
  • Proposer des dispositifs d’écoute et d’accompagnement anonymes et confidentiels
  • Mettre en place des campagnes d’information en s’appuyant éventuellement sur les évènements nationaux (Dry January, mois sans tabac et toutes les autres campagnes menées par Santé publique France)
  • Mettre en place des actions de sensibilisation à l’addiction en entreprise : causeries, ateliers sécurité, safety day…
Causerie sécurité en entreprise
Animation sécurité lors d'un safety day sur les addictions au travail

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FAQ sur les addictions au travail

Les principales addictions au travail concernent l’alcool (91 %), le tabac (66 %), le cannabis (64 %) et les médicaments psychotropes (43 %) selon une étude de l’INRS. Ces addictions, souvent invisibles, impactent la santé, la performance et la sécurité au sein de l’entreprise.

Un contrôle d’alcoolémie est possible s’il est prévu dans le règlement intérieur ou une note de service. Il doit être justifié par la nature du poste (ex. : sécurité, conduite) et réalisé en présence d’un tiers (comme un membre du CSE). L’alcoolémie peut être mesurée par éthylotest ou par prise de sang si nécessaire. Le salarié a le droit de demander une contre-expertise.

Oui, mais sous conditions strictes. Le test de dépistage de stupéfiants doit être inscrit dans le règlement intérieur et réservé aux postes sensibles, exposant à un danger grave. Le salarié peut exiger une contre-expertise et les résultats doivent rester confidentiels.

L’addiction au travail porte le nom de workaholisme. Elle se caractérise par un besoin compulsif de travailler, souvent au détriment de la santé, de la vie personnelle et du repos. Cette dépendance peut passer inaperçue, car elle est parfois valorisée dans certaines cultures d’entreprise.

Sources :